C’est une nouvelle secousse pour le PSG et ses propriétaires qataris, qui se seraient bien passés de cette publicité à quelques semaines du Mondial. Entre 2018 et 2020, révèle le journal d’investigation en ligne Mediapart, l’agence Digital Big Brother (DBB) a déployé une galaxie de faux comptes Twitter pour mener des raids numériques contre des cibles du PSG.
Dans le viseur ? Des médias comme L’Équipe et Mediapart, l’Olympique de Marseille, le président de l’OL Jean-Michel Aulas, le supporter du Stade Rennais ayant giflé Neymar après la finale de la Coupe de France 2019 ou encore la jeune femme ayant accusé l’attaquant brésilien de viol.
Il est aussi question de cibles internes, de l’ancien directeur sportif Antero Henrique au joueur Adrien Rabiot. Le milieu de terrain, alors écarté du groupe professionnel, est notamment insulté en mars 2019 par le compte PanameSquad, décrit comme un collectif de passionnés du Paris Saint-Germain
et considéré comme le profil amiral.
On animait un gros compte qui s’appelle PanameSquad, qui fédère une communauté de fans du PSG. Ce n’est pas illicite, c’est l’aspect moral qu’il faut discuter
, raconte un ancien salarié. On fait ce que nous demande le client.
Le PSG a démenti fermement les allégations
de Mediapart, mercredi, assurant n’avoir jamais contracté avec une agence pour nuire à qui que ce soit
. Oui, on a travaillé pour le PSG
, a reconnu pour sa part à Ouest-France Frédéric Geldhof, ancien directeur des opérations de URéputation, filiale de l’agence DBB.
Selon un ancien partenaire d’URéputation, cette société de marketing digital, basée en Tunisie et détenue à 100 % par Lotfi Bel Hadj, était spécialisée dans le référencement et les campagnes d’influence en ligne. Cet homme d’affaires franco-tunisien, qui a par ailleurs écrit un essai sur l’économie du halal, La Bible du Halal, vivrait désormais en Espagne.
En juin 2020, Facebook avait fermé 446 pages et 96 groupes administrés par URéputation sur le réseau social, arguant du fait qu’ils visaient à peser, au prix d’infox, sur des élections en Afrique francophone.
Le fossé se creuse avec Mbappé
La superstar de l’équipe Kylian Mbappé a elle aussi été touchée par le cyberharcèlement, selon les révélations de Mediapart.
T’as fait passer ton message ce soir, et quel timing ! ? Si tu pouvais presser comme ça sur le terrain…
, écrit ainsi le compte PanameSquad en mai 2019, en réaction à une sortie de Mbappé lors de la remise des trophées UNFP laissant entendre qu’il pourrait quitter le club.
Une source au sein de l’ancienne direction du PSG dément : On faisait tout pour qu’il prolonge, ce n’était pas pour le troller en sous-main
.
Qu’importe, l’enquête de Mediapart creuse encore le fossé entre le club et Mbappé.
La presse, alimentée par son entourage, avance l’hypothèse d’un départ prochain du prodige, fâché par son positionnement sur le terrain et les promesses non tenues depuis sa retentissante prolongation de contrat en mai, même si la direction parisienne, par la voix de Luis Campos, a tenté de démentir tout départ mardi.
Après l’épisode des trolls
, l’attaquant de 23 ans pourrait-il rompre son contrat pour quitter Paris ?
Il faudrait prouver l’intentionnalité du PSG de nuire à l’image de Mbappé, ce qui me semble compliqué
, explique à l’AFP un avocat ayant requis l’anonymat.
En revanche, poursuit-il, si la volonté est prouvée, le co-contractant peut faire valoir l’inexécution contractuelle, qu’il y a un défaut venant de l’employeur dans l’exécution du contrat. Mais il est très très rare qu’un employeur se fasse reprocher cela. Il faudrait également que Mbappé démontre que cela l’empêche lui de son côté de jouer. C’est assez mince comme scénario.